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Marche matinale en silence avec les résidents de l’ashram, pour contempler le lever du soleil

Un ashram est une école où l’on séjourne pour apprendre une discipline auprès des maitres. De nombreux touristes, aussi bien indiens qu’étrangers, y viennent pour apprendre la méditation, le yoga, ou faire des retraites en silence.

Je séjourne quelques jours dans l’Ashram du Maitre Sivananda, dans le Kerala, état du Sud-Ouest indien. Il s’agit surtout d’une école pour professeurs de yoga et un lieu de pèlerinage pour les hindous qui peuvent venir pratiquer leurs rites et honorer la mémoire du fondateur de l’école, considéré comme un saint. Par moments je suis enthousiaste et sereine, enchantée de participer, contribuer, apprendre, méditer. Et puis il y a des moments où je me révolte un peu, peu habituée à la discipline. Je me rappelle alors que je peux partir quand je veux. Je suis ici de mon plein gré.

Retraite de méditation et yoga

Si je compare cette expérience avec celle de ma retraite de méditation Vipassana (10 jours en silence, 9h30 de méditation assise par jour) ici on se croirait au Club Med. Le silence n’est requis qu’au moment des repas et lors d’une balade matinale. Bien sûr l’horaire est tout même monastique :
– 5h20 – réveil
– 6h00 – séance de méditation et de chants
– 7h30 – thé ayurvédique
– 8h00 – yoga
– 10h – repas (enfin !) végétarien
– 11h – karma yoga
– 12h30 – coaching (pour ceux qui veulent des conseils sur une posture de yoga en particulier)
– 13h30 – thé ayurvédique
– 14h00 – conférence
– 15h30 – yoga
– 18h00 – repas végétarien (le dernier de la journée)
– 20h00 – séance de méditation et de chants
– 22h30 – extinction des feux (je dors déjà depuis une heure)

Sur le chemin de l’acceptation de soi, se réconcilier avec sa maman

Avant de venir ici j’ai passé deux semaines avec ma maman à Kovalam. Elle part chaque année faire un grand voyage et me propose à chaque fois de la rejoindre. Je lui avais toujours répondu « ma petite maman tu sais bien qu’on va se disputer tout le temps et ça nous mettra trois mois pour nous en remettre et nous entendre à nouveau ». Mais cette fois il m’a semblé que notre relation s’était suffisamment améliorée et j’ai décidé d’accepter. Les outils de reparentage et de « réparation du passé » que j’offre à mes patients viennent en partie de ma propre expérience familiale. Nombreux sont mes patients adultes qui sont parvenus à changer radicalement leur relation avec leurs parents, c’est aussi mon cas.
Apprendre à pardonner à ses parents, les aimer tels qu’ils sont et être reconnaissant pour ce qu’ils ont transmis, outre la vie – tout de même c’est un beau cadeau – est décidément bénéfique sur le chemin de l’acceptation de soi.

J’aime décrire ma maman comme une légende vivante. Elle est artiste, professeure de yoga, masseuse et récemment professeur de méditation mindfullness, assidue de l’oponoponoh (technique de développement personnel et spirituel d’origine haïtienne encourageant la pratique du pardon systématique envers soi et les autres). C’est un personnage haut en couleur, d’ailleurs elle n’en porte jamais moins de quatre ou cinq (couleurs). Le quotidien avec elle est donc plein de surprises. Nous faisons de notre mieux pour nous ajuster l’une à l’autre.

Cure ayurvédique

L’objectif principal de son invitation au Kerala était que je puisse faire une cure ayurvédique pour des raisons de santé. 14 jours de soins : purification, massages, cataplasmes,…Certains sont éprouvants mais d’autres me permettent d’atteindre un état de relaxation très profond et les résultats de la cure sont épatants. Cette cure me permet aussi d’apprendre d’autres manières de manger.

Manger

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Masala de légumes et thoren de betteraves rouges, servis au centre d’ayurvéda

Mon alimentation pendant ce séjour est exclusivement végétarienne et cela n’a jamais été aussi facile. La noix de coco se décline dans tous les plats, râpée dans les salades, en sauce dans les currys de légumes. Chaque repas est en lui-même une pratique spirituelle tant je me sens chanceuse et reconnaissante. Je découvre une pâtisserie vegan incroyable (boules de noix, noix de cajous, dattes, graines de lin, huile de coco, gros sel, miel).

Méditer, apprendre, pratiquer

Après avoir terminé ma cure je suis venue ici pour faire du yoga et méditer. Il y a aussi des leçons collectives sur la philosophie du fondateur et les conseils donnés sur la pratique de la méditation me semblent très intéressants, même s’ils ne me correspondent pas tous je sais que certaines connaissances apprises ici vont aider mes patients. Le programme ne comprend pas beaucoup de séances de méditation formelle mais je prends plusieurs moments par jour pour pratiquer celles que je connais bien : scan corporel, présence dans l’ici et maintenant, méditation de Jodorovski, méditation de l’amour bienveillant, méditation kadampa du cœur pur.

Prier

Depuis le début de mon séjour j’en apprends tous les jours plus sur la manière dont chacun pratique sa spiritualité. Je me perds un petit peu dans la complexité du panthéon indien et j’ai aussi l’occasion, durant ce séjour au Kerala, d’assister à un festival religieux dans un village reculé ou je vais notamment découvrir des pratiques qui impliquent des transes très clairement hypnotiques. Certains membres de la communauté sont choisis pour se laisser « posséder » par tel ou tel Dieu et écouter les fidèles ouvrir leur cœur et partager leurs espoirs pour le futur, demander conseil, etc. Finalement, peu importe le Dieu auquel les gens s’adressent. Le plus important n’est-il pas de se réunir et pratiquer ensemble une forme de spiritualité? Se rappeler que l’on n’est pas seul, lâcher prise pour faire confiance à quelque chose de plus grand que soi?

Donner de son temps

Ici à l’ashram, j’ai eu une occasion intéressante d’observer, une fois de plus, comment le fait donner de son temps peut apporter du bien-être et rendre heureux. Chaque 12620938_10153910283476241_901821446_oparticipant s’engage, une fois par jour, à effectuer une heure de travail au service de la communauté. C’est ce qu’on appelle le karma yoga, vous êtes prié de la faire avec le sourire. Ma tâche ici est de participer à la mise en place des repas et servir la nourriture. Le premier jour je me sentais fatiguée, accablée par la chaleur or lorsque je me suis rendue au dining hall pour placer les nattes par terre, remplir les assiettes puis offrir les rations supplémentaires, j’ai senti mon tonus s’élever avec chaque louche, chaque verre rempli. La tâche de servir 350 personnes pourrait sembler répétitive et éprouvante, pourtant le fait de le faire en groupe, sentir que je contribue à quelque chose qui dépasse mon propre intérêt, souhaiter le meilleur à chaque personne servie…Tout ça m’a simplement rafraîchie.

Un voyage bon pour l’âme comme pour le boulot

Ce séjour au Kerala aura été une aventure enrichissante, tant professionnellement que spirituellement. Je suis impatiente de mettre ces apprentissages au profit de tous ceux que j’accompagne pour qu’ils améliorent leur relation à eux-mêmes et aux autres ainsi que leur sentiment de bonheur au quotidien.

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