Plus que l’argent, la nouvelle denrée rare est devenue le temps. Comment gérer son temps et améliorer sa qualité de vie?
Une source importante de stress est l’impression de manquer de temps. Quand j’entends « je n’ai pas eu le temps » j’ai toujours envie de répondre : « vous n’avez pas pris le temps, et vous avez décidez de faire autre chose avec votre temps qui était plus important pour vous ». C’est une question de perspective.
Loin d’être une « naturelle » de la gestion du temps, j’ai besoin de me discipliner régulièrement et me rappeler certains principes appris, dont cette prise de responsabilité : c’est moi qui suis maître de mon temps, c’est moi qui décide.
Outre les services en ligne tels que livraison des courses à domicile et les gadgets qui cherchent à nous faciliter la vie (machine à laver avec minuterie programmable, etc.), ce dont nous avons surtout besoin c’est un changement d’attitude, une nouvelle façon de voir les choses.
Les articles et livres sur « Comment mieux gérer son temps » font légion, mais ce que j’aimerais aborder ici est plutôt la notion de « Comment mieux profiter de son temps », c’est-à-dire décider de prendre le temps de…faire les choses qui sont importantes pour soi.
Voici 9 pistes pour vous aider :
1. Est-ce que ceci va m’aider à arriver là où je veux être dans un an, deux ans, dix ans ?
Se poser cette question demande de réfléchir à vos objectifs à long terme : qu’est-ce qui sera le plus important pour vous dans dix ans ? Vous dire que vous avez réussi l’éduction de vos enfants parce qu’ils ont confiance en eux ou avoir reçu une augmentation? Avoir appris à profiter du moment présent et vous sentir en bonne santé ou bien avoir impressionné tel ou tel collègue ou voisin ?
Je ne dis pas que l’augmentation en question ou le succès social n’ont aucun importance, mais plutôt qu’ils ne sont pas suffisants, et qu’il est facile de se perdre dans les objectifs du moment, faute d’avoir réfléchi au plus important.
Stephen Covey, dans son bestseller sur l’efficacité personnelle, suggère de faire cet exercice : imaginez que vous assistez à votre enterrement. Vous êtes assis dans l’assemblée et vous écoutez les discours de 4 personnes qui sont importantes pour vous : l’un de vos enfants, votre partenaire, un ami…Ensuite rédigez ces quatre discours. Le résultat devrait vous aider à identifier ces valeurs importantes qui, lorsque vous les perdez de vue, vous donnent l’impression de mal utiliser votre temps.
2. Est-il vraiment nécessaire de regarder mon téléphone maintenant ?
Nous nous plaignons de ne pas passer suffisamment de temps avec nos proches, pourtant lorsque nous sommes avec eux nous passons beaucoup de temps à chipoter avec nos smartphones.
Quelques idées :
– Repoussez le moment où vous regardez votre téléphone le matin, à la place prenez un temps pour prendre conscience de votre corps, prenez le temps d’embrasser votre partenaire et vos enfants, buvez un verre d’eau,… Créez un autre rituel pour commencer la journée que celui qui vous est imposé par les différentes applications de votre téléphone.
– De temps et temps, décidez délibérément de laisser votre téléphone à la maison lorsque vous êtes avec les personnes qui sont importantes pour vous. Il vous manquera peut-être un peu mais vous survivrez !
– Coupez la synchronisation automatique de vos emails (et de toute autre application qui ne demande pas de réponse immédiate) et ne vérifiez vos emails qu’à des moments choisis délibérément par vous-même plutôt que par les moteurs automatiques d’envoi de newsletter qui font vibrer votre téléphone et qui, de fil en aiguille, font que vous vous retrouvez sur facebook en ayant oublié pourquoi vous y êtes, là maintenant.
3. Méditer, faire un pause
Contrairement à ce que les non-initiés pensent, méditer ne signifie pas « ne penser à rien », et ne nécessite pas de prendre des positions difficiles de yoga, ni de pratiquer pendant des années avant d’arriver à un premier résultat. Lorsque j’initie une personne à la méditation, son état semble changer dès la première respiration et elle rapporte presque systématiquement se sentir plus calme.
Un ami m’a un jour dit « if you are trying to meditate you are doing it perfectly » (si tu es en train d’essayer de méditer, tu es en train de la faire parfaitement). C’est-à-dire que l’intention de le faire, combinée au fait de s’offrir un espace et un temps pour le faire, signifie que l’on est effectivement en train de la faire.
Loin de diminuer notre productivité, le fait de prendre des pauses dans la journée permet au contraire de préparer le cerveau et améliore les capacités de concentration en général.
4. Bien dormir
Lorsque vous êtes fatigué, vous êtes moins efficace, donc les choses vous prennent plus de temps. Bien dormir permet au corps de se régénérer, au cerveau de faire ce qu’il a à faire pour digérer l’information et établir des nouvelles connexions. Parmi les différentes techniques pour lutter contre les insomnies, l’apprentissage de l’autohypnose peut s’avérer très utile.
5. Faire de l’exercice
Non pas pour garder la ligne ou pour exploser des records personnels (même si ces objectifs peuvent être intéressants) mais simplement pour être de bonne humeur et établir des nouvelles connexions neuronales, donc améliorer nos capacités d’apprentissage. En plus, faire de l’exercice rend fier de soi et donne l’impression de contribuer à notre santé physique, or l’impression de contribuer à notre développement fait partie des catégories d’activités qui produisent les sentiments de bonheur les plus durables.
6. Se rappeler pourquoi on est en train de faire ce que l’on est en train de faire
Parfois je me connecte à facebook avec l’intention de retrouver une information précise, et 1h plus tard je me rends compte en retournant sur le document qui m’occupait à la base, que j’ai tout fait sauf retrouver cette information. Ceci vous semble familier ?
Il s’agit d’essayer d’être conscient de ce que nous sommes en train de faire…A tout moment. Bien entendu le moment présent n’est pas toujours rose, certaines activités sont moins plaisantes que d’autres. Pourtant si l’on considère le sens de ce que l’on fait à tout moment, même faire le ménage peut devenir une activité méditative. Il s’agit de « désactiver le pilote automatique pour être tout simplement dans l’instant » (Samantha Boardman).
7. Structurer la journée en fonction des moments forts
A quelle heure êtes-vous le plus productif ? Ne gaspillez pas cette heure-là à répondre à vos emails ! Laissez les choses banales et faciles pour les heures où vous êtes moins efficace.
8. Savoir dire non avec bienveillance et pour les bonnes raisons
Même si l’on aime faire plaisir, il est aussi important de savoir dire « non ». En disant « non », vous dites « oui » à autre chose.
Vous pouvez par exemple sire: « Merci. Je suis touché que tu ais pensé à moi et en même temps je préfère me concentrer sur [telle chose] qui est importante pour moi en ce moment ».
Protégez votre emploi du temps. Dites non à des choses qui ne collent pas avec vos valeurs, vos intérêts. Voici une petite check list (*) qui m’a déjà été bien utile.
Avant de décider d’aider quelqu’un, vérifiez d’abord avec vous-même puis avec l’autre:
– Y a t-il une vrai demande ? M’a-t-on vraiment demandé de l’aide ? Il peut être utile de vérifier en posant la question.
– Ai-je la compétence ? Sinon je risque de faire pire que mieux.
– Ai-je le temps ? Sinon je risque de faire les choses vite, ou de faire culpabiliser l’autre de m’avoir pris mon précieux temps.
– En ai-je envie ? et/ou Est-ce que c’est bien mon rôle ? Si je n’ai pas envie de le faire ou que j’estime que ce n’est pas à moi de le faire, je risque de le faire de mauvais cœur…Et le faire payer à l’autre par la suite.
– Quelle part du travail est-ce que j’aimerais que l’autre accomplisse ? Par exemple, je veux bien réparer ton robinet si tu t’occupes d’aller chercher les pièces au magasin. Demandez-vous aussi si vous attendez une rétribution ? Par exemple, je te donne un cours de méditation et en échange tu m’accompagnes à l’aéroport.
9. Donner du temps
Samantha Boardman explique : « Une façon contre-intuitive de se sentir moins pressés par le temps est d’en donner. La recherche montre que le bénévolat et faire des choses pour les autres, plutôt que de se concentrer sur nous-mêmes, élargit notre perception du temps. Il renforce également notre sentiment de compétence et d’efficacité ».
Ce principe est aussi en lien avec un principe de la psychologie positive qui dit que pour être plus heureux, il faut multiplier les activités qui nous donnent l’impression de grandir, de contribuer au développement des autres ou de contribuer à quelque chose de plus grand que soi. Lire à ce sujet l’article : Comment être heureux ? 3 chemins vers le bonheur mais attention, rappelez-vous que c’est vous qui choisissez.
« J’ai lu beaucoup de livres sur le bonheur, et le truc qu’ils ont tous en commun, c’est qu’ils disent tous que le secret est d’aider les autres » (John Carlson, Evolution of Psychotherapy 2013 Conference)
Conclusion :
Gardez en tête vos objectifs à long terme, essayez d’être présent là où vous êtes avec ceux qui vous aimez, notamment en laissant votre téléphone de côté, gardez les moments forts pour les choses importantes ou difficiles à faire. Et enfin, plus vous offrez de votre temps, plus vous verrez à quel point vous en avez !
Ces recommandations ne permettront pas d’ajouter plus d’heures à votre journée, mais elles vous aideront à voir que gérer son temps c’est aussi apprécier la valeur de ce temps qui passe. Quelle valeur souhaitez-vous donner à votre temps, là maintenant?
Références :
11 Ways to Make the Most of the Time You Have, Samantha Boardman (retiré le 12/08/14)
Guérir le stress, l’anxiété, la dépression sans médicament ni psychanalyse, David Servan-Schreiber, Editions Pocket, 2011
Stress : le manque de temps, ça se soigne !(retiré de http://www.psychologies.com le 12/08/14)
The seven habits of highly effective people, Stephen Covey, (25th Anniversary edition), Kindle Edition, 2014
(*) cette liste s’inspire du modèle de « triangle dramatique » de Karpman en analyse transactionnelle. Elle permet de ne pas rentrer dans le rôle typique du sauveur, parce que celui-ci risque de nous amener dans la position de la victime.